Alfons Mucha naît dans l’empire austro-hongrois, en Moravie. Très jeune il choisit de suivre
sa vocation artistique.
Se voyant refuser l’entrée à l’Académie des Beaux-Arts de Prague, il poursuit son rêve à Vienne où il exerce le métier de décorateur de théâtre, puis à l’Académie des Arts de Munich, puis à Paris dès 1887 où il travaille essentiellement comme illustrateur.
C’est le Paris de la Belle Époque qui voit naître une bourgeoisie aisée avide de spectacles, de confort, de nouveauté. Les Expositions universelles présentent les avancées des techniques et de l’industrie et font souffler sur la capitale un petit vent d’exotisme, ce dont témoigne le japonisme, qui gagne l’ensemble des arts décoratifs.
C’est dans ce contexte qu’apparait un Art nouveau, qui entend profiter de toutes les innovations techniques tout en exaltant la nature, sa beauté et son harmonie. Tiges ondulantes et fleurs envahissent les façades d’Hector Guimard, les boiseries et mobilier de Louis Majorelle, les œuvres du verrier Emile Gallé... tout comme les affiches d’Alfons Mucha.
La première affiche qu’Alfons réalise pour Sarah Bernhardt le rend célèbre du jour au lendemain et sa carrière de publiciste s’emballe. On aime la ligne claire du dessin, le raffinement de l’ornementation, la délicatesse des couleurs et ces figures féminines, sublimées, dont les courbes ondoyantes se mêlent au végétal. Sur les affiches publicitaires de Mucha, tout est beau, lisse, frais et sensuel à la fois. C’est la beauté et l’harmonie à la portée de tous.
Il serait cependant terriblement injuste de réduire Mucha à ses affiches. Ce touche-à-tout aussi doué qu’entreprenant aura bien d’autres chantiers, dont l’Exposition universelle de 1900. Après avoir décoré le pavillon de la Bosnie-Herzégovine, encore sous le joug autrichien, le Tchèque qu’il n’a jamais cessé d’être veut s’engager plus avant au côté des peuples slaves et l’idée d’un projet immense commence à mûrir dans son esprit. Revenu en Bohême, il consacrera quinze ans de sa vie à la réalisation de l’Epopée slave : vingt toiles monumentales évoquant la mythologie et l’histoire mouvementée de tous ces peuples dont le sien, le peuple tchèque. C’est l’œuvre qui dévoile la partie la plus intime de son être, sa fibre patriotique certes mais surtout son humanisme.
Voilà le personnage multi-facettes, surdoué, attachant que vous découvrirez à l’Hôtel de Caumont. L’exposition, très bien documentée, vous permet de cerner l’artiste, son époque et cet Art nouveau qui, loin des galeries et des musées, rejoignait les hommes et les femmes dans leur quotidien, dans la rue, comme dans la sphère privée.
Béatrice Micaelli
La visite de l'exposition Mucha avec le CAP a eu lieu dimanche 14 janvier 2024 mais vous pouvez vous y rendre en individuel jusqu'au 24 mars 2024.
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